Xylophages : les 6 espèces à surveiller en Bretagne
Votre beau-frère est venu chez vous dimanche et a jeté un regard outré à l’une de vos magnifiques poutres avant d’énoncer sa sentence : «Tu feras gaffe, t’as sûrement des xylophages dans ta baraque». Comme votre beau-frère vous exaspère, vous avez fait semblant de comprendre de quoi il parlait. Vous êtes donc maintenant sur internet en train de chercher ce que c’est que ce nuisible qui menace apparemment votre maison. Dans cet article, vous découvrirez les principales espèces présentes en Bretagne et leurs signes distinctifs pour savoir quel parasite du bois a élu domicile chez vous.
Le terme xylophage est d’étymologie romaine : « xylo» signifie bois et « phage » manger. Un organisme xylophage se nourrit donc de bois. On peut aussi parler de nuisibles lignivores (n’hésitez pas à ajouter cela de façon désinvolte la prochaine fois que votre beau-frère viendra étaler sa confiture).
Ces petites bêtes apprécient aussi bien le bois mort que le bois vivant. La cohabitation est donc simple lorsqu’elles élisent domicile en extérieur. Une infestation dans votre maison peut en revanche rapidement devenir problématique.
Le cycle de vie du xylophage se divise en 4 phases :
Le climat breton, doux et humide, est malheureusement favorable au développement des insectes du bois. Vous trouverez ci-dessous la liste des espèces friandes de nos maisons bretonnes.
De son nom latin
anobium punctatum, la petite vrillette est très courante en Bretagne. Adulte, ce nuisible mesure entre 2 et 5 millimètres avec une carapace marron foncé.
Un individu vit environ 4 ans et peut pondre jusqu’à 50 œufs par jour. Avec ça, peu de chance que vos poutres s’en sortent. Sa période de reproduction a lieu entre mai et septembre, c’est là qu’elle est le plus facilement visible.
Les larves mesurent 2 à 5 millimètres et sont de couleur blanchâtre. Elles creusent des galeries dans le bois, avant de sortir en laissant des trous de 1 à 3 millimètres, ainsi que de la sciure fine et granuleuse.
Xestobium rufovillosum, ou grosse vrillette, est également fortement présente dans les 4 départements bretons. Tout aussi ravageuse que sa petite sœur, elle s’attaque de préférence aux bois humides, ayant subi une invasion de champignons. Étant donné que le passage des champignons laisse de l’eau et de l’azote, les larves ont tout ce qu’il faut pour leur croissance. Elles auraient tort de s’en priver !
Légèrement plus grande (d’où son nom, vous aviez compris), la grosse vrillette mesure entre 5 et 7 millimètres et est de couleur marron foncé. Cet insecte sort au printemps, entre avril et mai pour la reproduction. Même conseil : ouvrez l’œil pour les repérer.
À l’état de larve, la grosse vrillette mesure entre 6 et 11 millimètres. Ce stade peut durer jusqu’à 10 ans. Elle dégrade le bois en laissant des traces de galeries caractéristiques. Ses trous de sortie sont eux aussi légèrement plus gros (normal puisque la bestiole est plus grosse me direz-vous !) : 2 à 4 mm de diamètre.
Elle était surnommée «l’horloge de la mort» par les anciens. Rien à voir avec un remake de Stranger Things. C’est pas Vecna, c’est juste qu’elle cogne sa tête contre le bois en période de reproduction, généralement aux mêmes heures. Technique étrange de séduction me direz-vous, mais apparemment ça marche pour eux. Qui sommes-nous pour juger ? Chacun ses kinks.
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Hylotrupes bajulus est de loin l’organisme xylophage le plus gourmand. Son plat préféré : le bois de résineux.
Les dégâts sont faits par les larves, qui mangent l’équivalent de leur poids chaque jour et creusent à l’intérieur du bois. Une fois que vous apercevez des trous de sortie, il est déjà trop tard. Leur croissance est terminée et elles sortent pour se reproduire. Un nouveau cycle peut alors commencer. Vous commencez à connaître la chanson.
Une larve mesure entre 2 et 3 centimètres de long et laisse des trous de sortie entre 6 et 10 millimètres. Elle mettra entre 3 et 5 ans pour se développer, soit autant d’années de ravage.
Serpula lacrimans est un champignon xylophage. On varie un peu les plaisirs en se désintéressant momentanément des insectes. Surnommé «lèpre des maisons», cet organisme est craint comme le loup blanc.
Il se développe surtout dans les constructions anciennes, et plus spécifiquement dans les recoins mal aérés, où il trouve humidité et obscurité. Il a besoin de températures entre 20 et 30 degrés. La mérule colonise d’abord la charpente avant de s’attaquer aux plafonds, planchers et meubles. Si vous commencez à en apercevoir dans les pièces lumineuses, c’est que la colonisation de votre habitation est déjà bien avancée.
Comme indiquée par la
carte de l’Observatoire National Termite, la Bretagne n’est pas vraiment dans les zones à risque. 1 à 10% des communes du Morbihan sont concernées et l’Ille-et-Vilaine ne compte pour l’instant que des signalements localisés. Le Finistère et les Côtes d’Armor n’ont pas encore fait remonté de présence avérée. Au cas où vous feriez partie des quelques bretons malchanceux, nous avons tout de même répertorié les caractéristiques de ce nuisible du bois. Prenez une Chouffe, ça va bien se passer.
En France, les termites les plus répandus sont les termites souterrains (reticulitermes flavipes). Ils vivent dans le sol. En forêt, ils contribuent à la dégradation des bois morts, c’est pratique. Les individus de la caste ouvrière ont pour objectif de trouver du bois et d’y collecter la cellulose afin de nourrir la colonie. Lorsqu’ils s’attaquent à une construction humaine, ils sont capables de dégrader d’autres matériaux pour y accéder : plastique, isolant et même béton pour une espèce en particulier. C’est moins pratique.
Vous pouvez surveiller les éléments suivants pour débusquer une infestation :
Lyctus bruneus et lyctus linearis sont les deux espèces présentes en France. Friand de bois riche en amidon, on le trouve généralement sur les bois jeunes issus de feuillus locaux ou tropicaux.
Les individus adultes mesurent entre 2 et 6 mm de long, de forme étroite et allongée. Vous les apercevrez entre avril et septembre pour la reproduction. Leur durée de vie est beaucoup plus courte que les ravageurs déjà présentés : entre 8 et 12 mois. C’est toujours ça de pris.
Les larves mesurent 5 mm et ont la fâcheuse habitude de reboucher les galeries avec de la sciure de bois. Cela rend leur détection plus compliquée. Restez néanmoins attentif si vous apercevez des trous en forme de biseau et une vermoulure très fine, presque comme de la farine.
🪳 Et si ces petites bêtes que vous avez aperçues étaient en fait des punaises de lit ?
En Bretagne, les insectes et champignons xylophages représentent une menace réelle pour nos habitations. Si vous suspectez leur présence, une inspection minutieuse s'impose. Recherchez les trous caractéristiques, la sciure et les traces de galeries. Vous avez vu que chaque espèce a sensiblement les même habitude et le même cycle de vie. Un diagnostic précoce permettra d'éviter les dégâts importants et les réparations coûteuses. N'hésitez pas à
faire appel à un professionnel
qui saura identifier précisément le nuisible et proposer un traitement adapté. Ce serait dommage de pulvériser toute la maison contre une bestiole que vous n’avez pas…